Antoine Aléa est l’auteur de Le quai ne répond plus récemment paru aux Editions AA-TV. Ce roman constitue le premier volet des aventures d’un diplomate, Anton Vermot.
Q : Quelles sont vos lectures préférées ?
Antoine Aléa: Difficile à faire un choix tant mes lectures sont vastes : pour autant, je retiendrai quelques ouvrages lus récemment qui m’ont beaucoup marqué comme « le Camp des Saints » de Jean Raspail, « Confucius et les automates » de Charles-Edouard Bouée, ou encore « Géopolitique d’une planète déréglée » de Jean-Michel Valantin. Et puis, il y a les incontournables comme Matthieu Ricard, le Dalaï Lama, Sun Tsu, Soljenitsyne, Dostoïevski mais aussi Stéphane Courtois pour son dernier ouvrage « Lénine l’inventeur du totalitarisme ». Mais j’en oublie tant d’autres.
Q : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
AA : Jusqu’à récemment, l’écriture correspondait avant tout à un travail d’analyste politique. A l’époque, elle n’était pas forcément source de plaisir mais plutôt synonyme de labeur voire de frustration. En effet, passer son temps à corriger parfois 15 fois le même texte pour le rendre neutre, sans saveur et parfois dénué de l’idée initiale, fait perdre l’envie d’écrire » à tout jamais. Pour autant, les tournants et les tourments de la vie en ont décidé autrement puisqu’à une période récente, l’écriture s’est imposée comme une nécessité, une évidence. Certains de mes amis écrivaient, je baignais dans un monde de livres et des histoires racontées par les autres. L’écriture m’a sûrement maintenue en vie, dans une période où mon monde s’est effondré notamment au moment de la disparition de mon père.
Le besoin d’écrire, cette puissance au fond des tripes, c’était en fait un trop plein au fond de moi qui avait besoin d’être couché sur la feuille blanche, une somme considérable de détails de la vie qu’il convenait de sauvegarder dans un roman. En fait, je me suis aperçu au fil de l’écriture que l’histoire d’Anton Vermot était écrite quelque part dans ma tête depuis longtemps. Cela a été également l’occasion de rendre hommage à certains personnages hors du commun rencontrés sur ma route depuis des décennies et que l’on retrouve au fil de cette aventure.
Je n’avais pas vraiment envie d’écrire un roman dans le pur « style classique », voire commercial. Je souhaitais rester libre de sa construction et c’est ainsi que ce roman est né de manière originale sans que l’on ne m’impose un tempo, un cadre ou un gabarit.
En fait, je suis devenu romancier non par nécessité mais pour narrer cette période de vie que j’ai traversée, impressionné par l’humanité, l’humilité voire la détresse ou encore le désespoir dans la vie de certains. J’avoue avoir eu la chance de parcourir le monde et d’avoir été témoin voire acteur de nombreux bouleversements. Que mon premier roman paraisse en 2017, un siècle après la Révolution d’Octobre, est pour moi un signe.
Q : Quelles sont vos principales sources d’inspirations pour Le quai ne répond plus ?
AA: J’ai toujours été impressionné par la puissance narrative des auteurs américains et russes. Ce va et vient entre ces deux cultures a créé chez moi un monde imaginaire où je me retranche dans mes rêves mais aussi dans la création littéraire. Et puis, j’ai été influencé par l’idée de juste milieu décrit par Soljenitsyne. Mon inspiration vient également de mon admiration pour la culture asiatique, mon séjour vietnamien comme mes nombreux voyages dans cette région du monde. Il me semble que nous avons tellement à apprendre de la richesse des autres, quels qu’ils soient et peu importe où ils se trouvent.
Mon ouvrage est aussi un appel au secours : une souffrance d’un monde révolu, d’une société atrophiée, sans sursaut, parfois sans espoir, tellement peu ouverte sur la richesse du monde qui nous entoure. Le repli, l’enfermement, le déni de réalité, l’absence de vision pour l’avenir, le conformisme, le sectarisme, l’absence de décision, l’inaction sont autant de sujets qui me préoccupent dans ce roman comme dans ma vie au quotidien.
Q : En quoi votre histoire se démarque-t’elle d’autres œuvres littéraires ?
AA : Je constate que le roman en France est atteint parfois de conformisme et de reproduction de modèles bien établis voire d’élites qui prennent peu de risques. Il ne s’agit pas d’une critique mais d’un constat. Le quai ne répond plus est peut-être l’occasion de démontrer que l’on peut écrire des romans d’espionnage aussi en France, être novateur en termes de création littéraire afin de stimuler les auteurs et donner de l’espoir et des envies aux lecteurs, ouvrir également de nouveaux horizons et de nouvelles perspectives pour l’avenir. Je suis malheureusement convaincu que l’édition, telle que nous la connaissons aujourd’hui, aura bien du mal à survivre dans les 20 années à venir, partout dans le monde, car les nouvelles générations s’affranchissent progressivement des livres, de la lecture ou encore des librairies. Bien évidemment, on peut espérer un retour en arrière et une prise de conscience collective. Néanmoins, je suis frappé par l’accélération de ce phénomène, de l’engouement accru pour le numérique sans beaucoup de contenu et j’en veux, par exemple, pour preuve mon dernier voyage en Asie où je n’ai pas aperçu de librairie et pas vu un seul lecteur de journal ou de livre dans les transports en commun !
Q : Pour celles et ceux qui liront votre livre, auriez-vous un conseil de lecture ? Une pensée à garder en arrière plan ?
AA: J’espère sincèrement que les lecteurs prendront du plaisir à découvrir de nouveaux horizons, à se détacher de leurs difficultés au quotidien et prendront également conscience que le monde est vaste, qu’il est temps de le parcourir et de vivre pleinement sa vie. Cette vie est magnifique, elle nous apporte une richesse au quotidien. Je veux juste dire à tous qu’il est temps de vivre pleinement l’instant et de ne pas reporter à plus tard ce que vous avez envie de faire. Parcourez le monde, vivez pleinement.
Q: Avez-vous des nouveaux projets ? Si oui, vers quels domaines s’orientent-ils ?
AA : Retour à Moscou sera prochainement publié et je suis ravi que ce second roman vienne compléter Le quai ne répond plus. Ce nouveau roman explore d’autres lieux, d’autres situations mais reste centré avant tout sur l’humain.
Bien entendu, j’ai également d’autres projets très avancés qui sont en cours tout en réfléchissant à la suite que je souhaite donner à Retour à Moscou.
Les idées ne manquent pas, le temps n’est malheureusement pas encore extensible et les journées n’ont que 24 heures…